
VINCENT MUNIER
https://www.vincentmunier.com
Le mot de l'association
Alors que nous venions voir notre ami Jürgen Lingl qui exposait ses sculptures dans une galerie versaillaise, nous avons été saisis et émerveillés par les photos d'un autre artiste animalier de renom, son ami qui exposait avec lui et que nous découvrions : Vincent Munier. La puissance évocatrice de ces deux hommes se combinait parfaitement pour nous permettre de vivre un moment d'exception.
"La beauté sauvera le monde" écrivait Dostoïevski" . Photos et sculptures nous donnaient un bel aperçu de la beauté du monde.
Vincent, comme Jurgen, sont des porteurs d'espérance. Ils défendent la nature avec leurs outils d'expression : l'appareil photographique et la tronçonneuse. Mais avec leur immense talent, ils nous sensibilisent à l'essentiel en nous invitant à les suivre dans leur quête : se nourrir du "beau", le protéger et le partager. C'est une question de survie ! Vincent ne se définit pas comme artiste mais humblement comme un témoin de la nature qui met en images ses rêves.
Grâce à Jürgen, nous avons pu entrer en contact avec Vincent, en toute simplicité, et il a accepté de participer à notre aventure de cet été. Nous sommes conscients que nous avons beaucoup de chance !
Le parcours de Vincent
Vincent Munier est né dans les Vosges. Très tôt, ses parents lui ont ouvert les yeux sur la beauté du monde. Son père, lui même naturaliste, l'initie à l'affût dont il apprend les vertus pour découvrir la faune sauvage de leur massif: l'immobilité, le silence,l 'attention, la discrétion et la patience. Il lui offre son premier appareil à 12 ans. Enfant, Vincent se cache pour observer et cette passion ne l'a jamais quitté.
Adulte, il monte des expéditions engagées, en solitaire et en autonomie, pour réaliser depuis 2002 de nombreux reportages à travers le monde. Son but : montrer la beauté de la nature sauvage et mettre en lumière des espèces animales menacées: le harfang des neiges, l'ours brun....En 2008, il photographie pour la première fois le loup arctique ; depuis cette date, il multiplie les voyages au Canada sur la trace de cette espèce. En 2013, il passe un mois en solitaire dans l'île d'Ellesmere, dans des conditions de froid extrêmes. Une meute de neuf loups arctiques vient à sa rencontre. Ce fût un moment très fort de sa vie de photographe.
En 2015, il embarque aux côtés du réalisateur Luc Jacquet pour une expédition de deux mois en Antarctique où il n'est encore jamais allé. Ce voyage dans des conditions extrêmes donnera lieu à un film "L'Empereur", co-réalisé avec Marie Amiguet, qui recevra le César du film documentaire.


En 2019, il est l'un des personnages du récit " La panthère des neiges " de Sylvain Tesson ( prix Renaudot 2019) et le co-réalisateur, avec Marie Amiguet, du film du même nom sorti en 2021. Ce film recevra en 2022 le César du meilleur film documentaire. Sylvain Tesson transcrira les mots de son ami dans son livre: " On m'en veut d'esthétiser le monde animal, se défend-il, mais il y a suffisamment de témoins du désastre! Je traque la beauté, je lui rends mes devoirs. C'est ma manière de la défendre" https://youtu.be/p849ZgSDgdo?si=QWK_903wOL0iFdHb
Ses photographies sont publiées dans la presse internationale (National Geographic, Terre sauvage, BBC Wildlife Magazine...)
Il est aussi l'auteur d'une douzaine d'ouvrages photographiques chez différents éditeurs et il créera sa propre maison d'édition en 2010: Kobalan.
Ses images font régulièrement l'objet d'expositions lors de festivals de photographie et sont présentées en galerie en France et à l'étranger. Il est devenu un photographe internationalement reconnu, après avoir gagné le prix de la BBC Wildlife Photographe of the year en 2000, 2001 et 2002.
Pour toute son oeuvre qui témoigne de la beauté de notre planète, il a reçu la médaille de Chevalier de l'ordre national du Mérite en 2019 et la médaille de Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 2020.
Une école dans les Vosges porte son nom.
La démarche de Vincent
À travers ses photos, Vincent Munier s'engage, pour nous et pour les générations futures. Il a fait sienne cette devise de Robert Hainard (artiste et écrivain suisse décédé en 1999) :"Lutter pour la nature, c'est éviter la condamnation de l'homme."

Il confiait dans une interview à Julien Hoffmann ( rédacteur en chef de DEFI _Écologie): "garder la distance avec les animaux sauvages est essentiel: il ne s'agit pas de les habituer à la présence de l'homme. Je recherche donc le moins possible la proximité avec les bêtes; ma démarche est au contraire de les observer sans être vu, de me fondre avec eux dans le paysage. Il est très important à mes yeux de conserver et d'accepter une peur envers des prédateurs comme l'ours ou le loup, car elle est saine et utile" . Il confie encore:" Il est difficile de définir son sens "artistique", tant il est le produit d'une culture visuelle (pas seulement), qui s'enrichit chaque jour depuis notre enfance...Il est la somme de nombreuses influences: celles que nous découvrons au hasard, celles que nous choisissons et celles que nous ne contrôlons pas du tout, que nous subissons même (surtout dans un monde d'image comme le nôtre). De manière générale, je dirais que je suis de plus en plus sensible au minimalisme d'une image, mais aussi au noir et blanc. Je m'en rends compte avec le temps: mon oeil d'artiste a tendance à vouloir effacer les couleurs."..."Difficile de préméditer ce que sera une rencontre avec un animal (ou même si elle adviendra). Mais lorsque j'évolue sur le territoire d'un prédateur comme l'ours, le loup ou le lynx, je le cherche et je m'attends à le voir. J'ai donc des images en tête, qui naissent dans mon esprit, mais elles ne forment qu'un horizon d'attente et rien n'est jamais gagné! Parfois, je parviens à me rapprocher d'une image dont j'ai rêvé et je suis heureux. Le reste du temps, chaque rencontre est une surprise, mais il y a bien sûr une intention dans chaque cadrage photographique."